Le Vieux cargo RIO TAGUS

Publié le par Francis PEREZ

Il est là, le vieux cargo, appuyé sur ce quai humide et sale, dans ses entraves devenues inutiles, oublié des hommes.

Depuis huit années il gît là, immobile, perdu dans le décor, son nom : RIO TAGUS, à peine lisible sur sa proue rouillée, s'efface avec le temps.

Il a pourtant été un fringant navire sur les mers du monde ! Il en a vu des rivages lointains ! Il en a bravé des tempêtes soudaines !

Un jour il est venu à Sète décharger sa cargaison qu'il gardait dans ses flancs. Et puis, des hommes sont venus pendant l'escale. Il n'a pas compris tout de suite. "Pourquoi ne repartons- nous pas comme d'habitude ? Le large m'appelle !". L'attente devint longue. Les jours et les mois se succèdent, un matin, l'équipage sortit par la coupée une dernière fois, sans se retourner, il paraissait heureux de le quitter.

Il comprit là que les hommes qui lui donnaient la vie l'abandonnaient comme on abandonne un chien quand il devient gênant. On vint un jour le remorquer, coquille flottante, vide et inutile, pour l'amarrer au quai des oubliés. Comme un spectre couvert de rouille il attend, maintenant sa "déchirure" comme "ils" disent. Le mot seul et si pénible à entendre ! Il attend de se faire découper, devenu ferraille négociable.

Il voulait continuer, lui, à faire entendre sa machine, à couper les vagues, à satisfaire les hommes, à vivre simplement  sa vie de vaillant cargo !

Mais non, il n'est plus dans le cœur des hommes.

Francis PEREZ

 

 

 

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